Tuesday, July 12, 2005

Universalité et banalisation de la souffrance


Franchement, je m’en fous des victimes du récent acte de terrorisme à Londres. Oh, bien sûr, si j’étais en face des blessés, des corps mutilés, des parents éplorés, bien sûr, cela me toucherait. Je ressentirais la même horreur qui a saisi le monde devant le spectacle des ravages de l’attentat du 11 septembre. Mais autrement…


Je lis sur l’Internet les témoignages de compassion et d’admiration pour les victimes londoniennes et les condamnations des auteurs de l’attentat. De nouveaux blogs ont été créés pour commémorer ce drame, certains blogs existants ont affiché des graphiques, des logos, des articles spécialement dédiés au courage des victimes. Moi, je suis incapable d’éprouver autre chose qu’une vague et fugace pitié, qui commence d’ailleurs à évoluer vers une certaine lassitude : oui, ok, ça va, on le sait que les Londoniens sont braves, rappel des bombardements durant la deuxième guerre mondiale, we are not afraid, bla bla bla…


Tiens, faisons un petit sondage : combien de Britanniques ressentent encore quelque chose pour les victimes du tsunami d’il y a quelques mois? Combien d’Américains sont déchirés par le sort des Irakiens tués ou blessés dans le dernier attentat?


Je ne dis pas donnant-donnant. Je n’octroie pas ma compassion en échange de la pitié de quelqu’un d’autre. Ce que je veux dire, c’est que la souffrance est fatigante à la longue, surtout la souffrance d’autrui. Si un de mes enfants était tué, que ce soit dans un accident ou un attentat ou à la suite d’une maladie, je ne crois pas que je lui survivrai longtemps. Mais les enfants des autres? Les parents, les conjoints, les amis des autres? Êtes-vous inconsolables sur le sort des Soudanais à Dafour? Pleurez-vous pour les victimes de viol au Congo? Les camps de réfugiés en Afrique, les massacres ethniques dans les Balkans, la torture en Iraq et en Syrie, l’oppression des femmes dans les villages d’Afghanistan, la prostitution des enfants en Asie du Sud-Est, l’abattage des enfants de rue au Brésil, etc…Tout cela vous coupe-t-il l’appétit? Ou est-ce que, comme moi, vous venez de commencer votre nième régime pour pouvoir rentrer dans votre maillot de bain avant la fin de l’été?


The need for simple human-to-human relationships is becoming increasingly urgent…. Today the world is smaller and more interdependent. One nation’s problems can no longer be solved by themselves completely. Thus, without a sense of universal responsibility, our very survival becomes threatened. Basically, universal responsibility is feeling for other people’s suffering just as we feel our own, It is the realization that even our enemy is entirely motivated by the quest for happiness. We must recognize that all beings want the same thing that we want. This is the way to achieve a true understanding, unfettered by artificial consideration.
HH The Dalai Lama
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